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Comment je suis devenu passionné, le dernier jour du tram, jusqu'à la livraison du premier trolleybus, découvrez les histoires rocambolesques que j'ai vécues et qui resteront à jamais dans ma mémoire !
J'ai pris le dernier tram de Nancy....
Le 12 mars 2023, le tram tirait sa révérence avec un dernier trajet mémorable. Les larmes ont coulé et les derniers voyageurs ont dit au revoir au tram dans une ambiance festive. Découvrez la soirée d'enterrement du tram de Nancy.
Un an jour pour jour après l'arrêt du tram, le premier trolleybus Hess arrivait par dépanneuse au dépôt de Ludres, et j'ai eu la chance de pouvoir y assister ! Je vous raconte chaque détail de ma rencontre avec ce géant bleu !
Quand le premier trolleybus est arrivé à Nancy !

J'ai pris le dernier tram de Nancy...
12 mars 2023.
Nous savons tous ce que nous vivons. Sur notre groupe de discussion, la tension se fait ressentir, et pour cause : l'engin qui nous a accompagnés, pour certains depuis notre naissance, s'arrête ce soir. Et pour nous, ce n'est pas rien... Nous ne savons pas comment cela va se passer, mais en tout cas, nous avons tous en mémoire la journée de la veille, où le réseau avait organisé une sorte de petite fête d'adieu, où la rame n°7 était exposée au terminus d'Essey Mouzimpré. Un sticker blanc nous permettait de signer la rame et d'y apposer un mot d'adieu. Non loin, un stand de jeu et une Stan Mobil' nous divertissait et nous indiquait où nous devrions prendre le bus une fois le service du tram terminé. "Tram", ça veut à la fois rien dire, et tout dire pour nous. Souvent décrit comme un trolleybus guidé, notre tramway sur pneu débrayable, la "chenille grise", le "tas de ferraille", qu'est-ce qu'on l'aime ce tram p*tain ! Il était foutu, et même parfois dangereux, mais c'était notre tram à nous. Quand on regarde le tramway de Lyon, celui de Mulhouse, ou encore les mini-tramway de Besançon, ou même celui sur pneu de Clermont-Ferrand, on se dit qu'on est loin de tout ça. Et pourtant, il déplaçait tout de même 45000 nancéiens par jour. C'est la colonne vertébrale du reste du réseau. C'est qu'une machine, un assemblage de métal et de câbles électriques assemblés de façon hasardeuse dans la fin des années 90 dans les usines ferroviaires du nord, et pourtant, on l'aime, ce tram Bombardier. Le temps de reprendre ses esprits, et je prends le bus 100 depuis Neuves-Maisons, pour aller prendre, pour la dernière fois, le tram à Brabois.
20 h 00
Derniers spots dans une ambiance normale. Les derniers usagers quotidiens prennent leur tram, comme tous les jours. Malgré les affiches implantées partout, recouvrant les arrêts de bus, j'aurais parié qu'aucun d'entre-eux n'avait conscience, qu'ils prenaient le tram pour la dernière fois de leur vie. L'air nonchalant, ils montaient et descendaient, d'une façon si particulière qu'on employait qu'avec le tram et donc vouée à disparaitre, elle aussi, en ce soir-là. Enfin bref, il fallait se faire à l'idée que c'était tout un mode de vie qu'on allait enterrer dans quelques heures.
22 h 00
Le décompte se lance. Il ne reste plus que quelques heures de durée de vie à la ligne T1. J'observe le va-et-viens des rames, à une fréquence de plus en plus basse. Les chauffeurs, qui pour la plupart, effectuent leur dernier tour, arborent toute sorte de panneaux d'au-revoir, et la symbolique girouette "C'est ma dernière séance". La nuit tombe j'ai effectué les ultimes spots, et ai couvert l'entièreté de la ligne. Viens maintenant le moment de faire mon choix. Prendre le tram en direction de Brabois, ou de Mouzimpré ? Je choisis de me diriger vers Essey, afin d'effectuer le dernier voyage vers Brabois, pour me permettre de retourner chez moi à l'issue de la soirée...




23 h 00
Pendant le trajet, je profite de chaque mouvement, chaque son, chaque grincement, et croyez-moi, il y en a ! Impossible de rester sur un siège, je parcours l'intérieur de la rame quasi-vide, pour m'imprégner des derniers souvenirs à jamais gravés dans ma mémoire. Plus j'approche du terminus, plus je prends le temps d'apprécier chaque grincement dans les articulations, particulièrement dans les virages d'Essey. Nous voilà arrivés. Une paire d'élus et de passionnés sont là, ceux-là qui comme moi ont décidé de faire le dernier trajet à bord de la rame 8 et sa livrée "Le Livre sur la Place". Nous discutons, et l'air est lourd. Dans quelques minutes, toute cette infrastructure qui nous entoure, la voie, les bifilaires, les quais, les abris... Tout cela deviendra inutile. Malgré tout, les sourires se lisent sur les visages.


00 h 10
Je suis en cabine, je fais connaissance avec le chauffeur qui aura l'honneur d'être le dernier à conduire la bête. Le SAE se manifeste par son cri strident habituel : c'est l'heure du départ. C'est avec un élu, le directeur du réseau et une troupe de passionnés couche-tard agglutinés autour de la cabine que nous partons, laissant vide le terminus d'Essey Mouzimpré. Notre effervescence concentrée au milieu des pavillons vides du quartier de Mouzimpré glisse dans les rues d'Essey-lès-Nancy. Une légère pluie se dépose sur les vitres de notre tramway. Sous quelques musiques douces, nous nous racontons quelques anecdotes sur le tram, qui ont bien leur place en ce moment presque solennel. Je filme le droppage d'insertion de Gérard Barrois, et comprends (enfin) quelques détails techniques de la manœuvre. Une poignée de passionnés et d'usagers téméraires nous attendent à la station du même nom. Nous quittons Saint-Max dans une ambiance toujours aussi festive. Nous quittons la place avec une pensée qui nous glace le sang : toute l'infrastructure sur laquelle nous roulons, chaque centimètre de rail, chaque mètre de bifilaires, chaque station desservie termine sa carrière après notre passage. Nous laissons des rues qui ne sera que vouée à subir des mois de travaux. Nous empruntons l'avenue du XXᵉ Corps sous la musique "Voilà, c'est fini" (Jean-Louis Aubert) qui résonne avec une saveur particulière. La pluie nous suivra jusqu'à la place Division de Fer.




00 h 33
Nous arrivons à la gare. Le PC nous a prévenus en amont que nous nous arrêterons à la gare, pour profiter du dernier croisement, avec la rame 10 partie en même temps que nous de Brabois. Étant descendu.e à la station Maginot, je filme l'engin, s'approchant de la gare à 5 km/h. Des nancéiens intrigués me regardent filmer avec le sourire, et après une brève explication, ils comprennent qu'il s'agit du dernier tram, et crient de joie, non sans doute sans une goutte d'alcool dans le sang... À peine la rame à quai, nous apercevons sur le pont de la gare la rame arrivant en sens inverse, warning allumés, mettant l'ambiance au rythme de son gong. D'abord une photo avec les chauffeurs, puis une photo avec tous les passionnés réunis. Un moment que tout le monde sait inoubliable, le tramway a dit adieu à Nancy dans la nuit la plus calme...






00 h 45
Il est l'heure de repartir, pour la dernière ligne droite de cette soirée. Après des serrages de mains tout sourires, nous rejoignons respectivement nos deux rames, et nous décollons lentement de la station principale du réseau, qui se verra desservie pour la dernière fois de son histoire par le tramway, celle-ci n'étant pas reprise à l'arrivée du trolleybus. Nous continuons en direction du plateau, et je descends une nouvelle fois à Kennedy afin de voir pour la dernière fois la procédure de droppage de l'extérieur. Je remonte, et je diffuse dans le tram une chanson composée par un ami spoteur, en hommage au TVR. La rame se vide progressivement, et nous attaquons la côte de Brabois avec une dizaine de personnes à bord.
01 h 05
C'est la fin de notre périple, nous arrivons à Brabois. Malgré l'émotion, je filme la procédure de droppage, la dernière que je filmerai. Sam, notre chauffeur prend son micro, et décide de faire un petit message de fin de service : "Mesdames et messieurs bonsoir, c'est votre conducteur qui vous parle. Sam, conducteur du tram depuis 18 ans, avec fierté, et avec beaucoup d'émotions, je vais donner le clap de fin... Merci à vous d'être venus si nombreux ce soir et à bientôt sur le trolley !". Nous applaudissons chaleureusement, alors que la rame aborde, la courbe de retournement. La rame numéro 10 est déjà repartie au dépôt, tandis que nous arrivons sur le quai de départ du Vandœuvre CHU Brabois. Le service commercial du TVR Bombardier, vient de se terminer, il est 01 h 09, et la rame numéro 9, dernière rame de tramway sur pneu débrayable vient de terminer son aventure avec 971 284 kilomètres au compteur.




01 h 15
L'arrêt est court, la rame doit rentrer au dépôt, et la fatigue se fait sentir pour tout le monde. Le directeur nous propose de nous véhiculer jusqu'à l'arrêt Campus Artem, lieu où la rame peut quitter la voie pour repartir au dépôt. Nous remontons dans la rame, qui s'empresse de repartir pour laisser l'infrastructure du plateau de Brabois à son dernier sort, la destruction. Le directeur nous incite volontiers à récupérer les plans accrochés sur les voussoirs du tram. Je récupère deux plans, ainsi que les affiches publicitaires du tram. À hauteur de la station Callot, nous droppons sur l'infrastructure ferroviaire pour s'engager sur le rail. Ce droppage sera le dernier, après 23 ans de tramway sur pneu à Nancy, et des tests pendants de nombreuses années depuis 1985 et le premier GLT entré en service au Parc des Expositions de Bruxelles. Nous avançons rapidement dans la plus grande discrétion jusqu'à hauteur du Campus ARTEM, où nous quittons la rame. Je descends la larme à l'œil, après avoir laissé les derniers voyageurs descendre avant moi. Je ne serai pas né.e avant 2007, mais j'aurai été le.a dernier.e personne à descendre du tram de Nancy.


01 h 26
Après un dernier coucou au chauffeur et au directeur, la rame déperche, et dédroppe avec son habituel "pchit" caractéristique ! Les galet de guidage quittent pour la toute dernière fois le rail de guidage avec leur habituel claquement... La rame se positionne au-dessus du rail opposé afin de pouvoir négocier le virage de sortie de voie. Elle attend 20 secondes le passage au vert du feu tram, puis met en route sa génératrice dans son vacarme habituel... Le véhicule avance doucement, puis franchis puis les pneus foulent une ultime fois le rail de guidage. Elle s'éloignera au loin, laissant peu à peu le silence s'installer seconde par seconde... Les derniers fêtards sont partis, j'observe seul.e la rame descendant la légère pente de la rue, puis disparaître dans un virage quelques mètres plus loin. La solitude de la station Campus ARTEM Blandan est effrayante, et la légère pluie pleure le nouveau disparu. Il est 1 h 26, le tram de Nancy n'est plus.


Merci d'avoir lu ce premier billet jusqu'au bout, j'ai tenté de retranscrire toutes les émotions de cette soirée. Pour ceux qui ne l'ont pas déjà vue, la retranscription en images est disponible sur ma chaîne YouTube.
J'ai vu... le premier trolley arriver !
12 mars 2024.
Hasard du calendrier, cet évènement tombe un an pile après l'arrêt du tram. Nous sommes un jour comme les autres, même si les premiers éléments concernant le trolley se profilaient peu à peu, rien ne me prédestinait à ce qu'il allait se passer. En pause entre deux cours, je discute avec un chauffeur de bus à la gare de Jarville-la-Malgrange. Soudain, le directeur des mobilités du Grand Nancy m'appelle sur mon téléphone personnel : "Le premier trolley est livré cet aprèm à 14h au dépôt de Ludres, soit là un peu avant si tu peux..." ! Je m'exécute, et me met en route pour Ludres, croyant à peine ce qu'il se passe !
Merci d'avoir lu ce premier billet jusqu'au bout, j'ai illustré cette livraison et d'autres détails techniques sur une vidéo. Pour ceux qui ne l'ont pas déjà vue, celle-ci est disponible sur ma chaîne YouTube.
12 mars 2024.
En cours d'écriture...